St-Ouen(93) : après les Rroms, la mairie veut expulser les jeunes travailleurs de leur Foyer

Publié le par CCR 4

St-Ouen(93) : après les Rroms, la mairie veut expulser les jeunes travailleurs de leur Foyer

On savait que la majorité municipale Front de Gauche de Saint-Ouen avait une dent contre les Rroms. Il y a quelques mois, on a suivi comment 800 ont été expulsé-e-s, en plein hiver, du quartier des docks, où ils avaient élu domicile. Aujourd’hui, toujours aussi « à gauche », la mairie s’en prend aux jeunes travailleur-euse-s du Foyer Cara. Décidé-e-s à ne pas se laisser faire, ils-elles organisent la résistance depuis fin janvier.

Flora Carpentier

Des Foyers de Jeunes Travailleurs, lieux de contestation

En France, les Foyers de Jeunes Travailleurs (FJT) se sont développés dans les années 1950 pour pallier à la crise du logement qui frappait de plein fouet la jeunesse affluant vers les villes en quête d’un travail, souvent très mal rémunéré. Conçus pour offrir un logement au loyer modéré aux jeunes travailleurs de 18 à 25 ans, ces foyers ont rapidement élargi leur offre aux étudiants qui rencontraient également de grandes difficultés à se loger et, plus rarement, à de jeunes chômeurs.

Dans les années 1970, les FJT ont souvent été le lieu de discussions collectives et d’organisation des travailleurs et de la jeunesse radicalisée. On a même assisté en région parisienne à des mobilisations et occupations de foyers qui, en parallèle des grandes grèves qui ont émaillé « les années 1968 », visaient à remettre en cause le règlement intérieur, et protester contre les augmentations des loyers, tout en revendiquant l’auto-organisation des résidents.

La situation du FJT Cara de Saint-Ouen

A Saint-Ouen, le FJT Cara a été construit par l’architecte Paul Chemetov en 1975, comptant 13 étages et 190 chambres. Depuis plusieurs années, ce foyer sous gestion municipale pâtit du manque d’entretien et de maintenance. Et pour cause, il serait voué à une destruction très proche, dans le cadre de l’aménagement de la ZAC des Docks, haut lieu de la spéculation immobilière.

Alors que, pour les autorités municipales qui pilotent les projets de rénovation (et de spéculation) urbaines, le sort de cet immeuble et de ses résidents était joué depuis plusieurs années, les premiers intéressés n’en avaient aucunement été informés. Ce sont des avis d’expulsion qui leur ont mis la puce à l’oreille, glissés sous la porte de plusieurs chambres, le 17 janvier dernier et leur exigeant de quitter les lieux sous 15 jours, sous prétexte de retards dans le paiement des loyers. Du jamais vu, surtout en plein hiver, même si la mairie se prévaut d’un certain flou procédural concernant les expulsions de résidents de foyer. Mais pire encore, les serrures de certains résidents ont été changées en leur absence, les laissant à la rue ! Un acte d’une extrême violence, qui a poussé les résidents à se constituer en collectif [1] et à se mobiliser. C’est en interpelant la mairie, et en s’invitant au conseil municipal du 3 février qu’ils ont appris que leur lieu de vie allait être détruit dès l’été 2014, et qu’aucune solution de relogement n’avait été envisagée.

Non aux expulsions ! Pour le relogement à Saint-Ouen de tous les résidents, dans un foyer neuf de qualité et aux loyers maitrisés !

Il faut dire qu’au beau milieu de la future ZAC des Docks, avec sa vue panoramique sur Montmartre et la tour Eiffel, le site du Cara avait de quoi émoustiller l’appétit des promoteurs immobiliers et des acteurs de la ville soucieux de faire de juteuses affaires. Une si belle vue pour de jeunes travailleurs, du gâchis vous diront-ils ! Et ce n’est pas l’équipe municipale Front de Gauche qui allait les contredire. Elle ne s’est contentée pour le moment que de repousser les expulsions à la fin mars, histoire de ne pas tomber dans le sordide, et d’organiser une “cellule de crise” visant à étudier les dossiers des résidents « solvables », pour proposer des relogements au cas par cas. Une façon de briser l’unité des étudiants et jeunes travailleurs qui commencent à se mobiliser, et de remettre en cause l’essence même des FJT, en privilégiant les jeunes qui « s’en sortent le mieux » ou qui peuvent compter sur les garanties de leur famille, aux dépends des plus précaires.

Vendredi 7 février, après le match du Red Star au stade Bauer de la ville, alors que les résidents en lutte du Foyer Cara organisaient une première soirée de soutien, les autorités du Foyer nous ont envoyé les flics, démontrant une fois encore la volonté de « dialogue » de la mairie.

Alors qu’il est de plus en plus difficile pour la jeunesse de se loger décemment et de trouver des emplois stables et dignement rémunérés, la lutte des jeunes étudiant-e-s, chômeur-se-s et travailleur-se-s du foyer Cara doit devenir un exemple de résistance à la dégradation des services et de l’habitat publics. Pendant qu’ils nous précarisent sur le front de l’emploi, ils s’attaquent également aux conditions de vie des plus précaires d’entre nous. Le NPA Saint-Ouen se mobilise aux côtés des jeunes du Foyer Cara car leur lutte est parfaitement légitime et pourrait devenir le fer-de-lance de tous les mécontentements des travailleurs, des classes populaires et de la jeunesse de Saint-Ouen contre les pratiques clientélistes, les copinages et les collusion de la mairie avec les promoteurs.

08/02/14

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[1] Retrouver le Collectif Action des Résidents du FJT Cara sur Facebook

Lien de l'article : http://www.ccr4.org/St-Ouen-93-apres-les-Rroms-la-mairie-veut-expulser-les-jeunes-travailleurs-de-leur-Foyerhttp://

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