Municipales : plusieurs transfuges quittent déjà le Front national

Publié le par Le Parisien

Municipales : plusieurs transfuges quittent déjà le Front national

La campagne ne bat pas encore son plein que déjà, certains transfuges quittent le Front national. Venus de la gauche ou de la droite républicaine, plusieurs candidats aux élections municipales, fraîchement encartés FN ou Rassemblement Bleu Marine (RBM), viennent de claquer la porte. A chaque fois, le même scénario se répète : attirés par le discours de Marine Le Pen, moins radical que celui de son père Jean-Marie Le Pen ou d'autres dirigeants historiques du FN comme Bruno Gollnisch, ils se retrouvent confrontés, sur le terrain, à des propos ou des attitudes en contradiction avec ceux de la patronne du parti.

Ce lundi matin, Libération consacre ainsi une page à Anna Rosso-Roig. Au printemps, celle qui était candidate du Front de gauche aux législatives à Marseille l'an dernier, rallie le camp Marine Le Pen pour occuper la deuxième place sur une liste de secteur. A l'époque, elle trouvait Jean-Luc Mélenchon «odieux avec les gens». Comme elle le raconte alors, le vote de la loi sur le mariage pour tous achève de la convaincre de changer de bord. Cinq mois plus tard, cette quadragénaire en est revenue. «Avec toute la stratégie de communication qu'ils avaient mise en place, des gens comme moi ont eu l'espoir qu'ils enlèvent ce côté brutal, cette radicalité du Front national», confie-t-elle à Libération.

Un ex-UMP demande «pardon» à Copé

Sur le terrain, les choses ne se sont pas passées comme elle l'espérait. «Je pense qu'on doit défendre des idées, pas attaquer des personnes. Ici, ils sont contre des gens, pas pour un projet.» Certaines déclarations l'auraient «outrée» et les responsables locaux ne correspondraient pas au FN qu'elle avait rallié. «Monsieur Ravier (candidat frontiste à Marseille, ndlr) et beaucoup de responsables estiment que le Rassemblement Bleu Marine est trop doux. Ils pensent qu'il faut utiliser la manière forte.» A l'en croire, «ils sont obsédés par le cosmopolitisme.» Autant de raisons qui l'ont conduite aujourd'hui à s'écarter de cette «frange radicale.»

A 1000 km de là, presque au même moment, un autre déçu du FN est apparu. A Gamaches, dans la Somme, Arnaud Cléré a demandé dimanche sa «réintégration à l'UMP». Il en avait été exclu après avoir noué en mai une alliance avec le Front national. Il s'est dit «choqué» après avoir vu lors d'une réunion des têtes de liste à Hénin-Beaumont, des «tatouages de croix nazies» et entendu des «propos xénophobes, homophobes». Il a fustigé «un parti non républicain, sectaire et dictateur».

Et d'ajouter : «J'ai fait une erreur de penser qu'on pouvait associer les genres, comme ça, entre UMP et FN. Je ne me reconnais pas dans ce parti-là.» Selon lui, «quand on voit Marine Le Pen à la télévision, on ne peut pas imaginer à quoi ressemble l’arrière-boutique». Il a adressé une lettre à Jean-François Copé, président de l'UMP, pour lui demander «pardon».

Une candidate près de Toulouse a jeté l'éponge

Il y a moins d'un mois, c'est Nadia Portheault, la candidate du Front national à Saint-Alban (Haute-Garonne), qui a jeté l'éponge. La raison ? «Le décalage entre le discours de Marine (Le Pen) et celui de la base militante.» Ex-sympathisante UMP, elle a rendu sa carte du FN avec son mari car «cette ambiguïté permanente, entre la vitrine et une arrière-boutique spécialisée dans les blagues vaseuses sur les Arabes et les homos, n'était plus supportable».

Comme Anna Rosso-Roig, elle met également en cause des responsables locaux. «Je voulais être candidate sous mon nom de jeune fille: Djelida. On m'a vivement conseillé de privilégier mon nom d'épouse, allant même jusqu'à me dire que mon prénom était déjà presque un handicap», a-t-elle raconté. Selon ses dires, un cadre départemental du Front national lui aurait même lancé : «Toi et tes enfants, vous êtes bons pour le four.»

Publié dans Antifascisme

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