ESSF : Notre campagne de solidarité envers les victimes du cyclone Haiyan/Yolanda et la mobilisation de nos partenaires aux Philippines

Publié le par Pierre Rousset sur ESSF

ESSF : Notre campagne de solidarité envers les victimes du cyclone Haiyan/Yolanda et la mobilisation de nos partenaires aux Philippines

Nous présentons ci-dessous un deuxième point d’information sur la campagne de solidarité initiée par ESSF envers les victimes du super typhon Haiyan/Yolanda aux Philippines et sur les activités engagées par nos partenaires.

Sommaire

Nous avons à ce jour transféré 6.000 euros à nos partenaires philippins pour les secours aux victimes d’Haiyan/Yolanda, soit :

• Le 13 novembre un premier transfert de 4.000 euros

• Le 21 novembre un second transfert de 2.000 euros

Depuis le premier rapport sur les débuts de notre campagne de solidarité [1], notre appel a été traduit en allemand (en sus du néerlandais et flamand, de l’anglais ou de l’espagnol…). De même, en France, l’initiative d’ESSF a reçu le soutien de Solidaires et va être relayée dans la revue Contretemps... Nous sommes évidemment prêts à associer pleinement à cette activité les mouvements sociaux, revues progressistes ou autres organisations qui le souhaiteraient.

Outre de France, les dons proviennent d’Allemagne, des Pays-Bas, d’Espagne, de Suisse, du Canada, des Etats-Unis ; ou bien sont annoncés de Hongkong, du Japon, d’Australie… Avant d’avoir reçu la notification écrite des transferts de la part de la banque, il nous est parfois impossible de connaître leur origine. Nous ferons à l’avenir un point plus précis sur la dimension internationale de notre campagne.

Nos partenaires philippins font un effort considérable pour lever eux-mêmes des fonds à Mindanao (voir ci-dessous). Ils sont aussi en contact avec des associations européennes susceptibles de les aider, comme en Belgique où Entraide et Fraternité a lancé un appel en ce sens. Nous espérons qu’ils recevront bientôt des soutiens financiers de ces mouvements. Dans l’immédiat cependant – à notre connaissance du moins –, ils dépendent sur le plan international des dons transférés par ESSF grâce à la réactivité de notre réseau solidaire. Merci à toutes les donatrices, à tous les donateurs.

Les activités de nos partenaires philippins

Comme nous l’avons indiqué dans nos précédents articles, les organisations avec lesquelles nous collaborons sont implantées à Mindanao, l’une des deux plus grandes îles de l’archipel, située au sud des Philippines. Elles ont des liens dans les zones les plus violemment frappées par le super typhon Haiya/Yolanda et situées, pour leur part, dans le centre de l’archipel – elles appartiennent à un ensemble d’îles appelé les Visayas.

Une première équipe est partie la semaine dernière pour se rendre compte sur place de la situation, évaluer plus précisément besoins et possibilité, commencer à fournir des secours et proposer un premier plan d’action. En même, un gros travail de préparation, de mobilisation, d’éducation et d’organisation a commencé à Mindanao.

Des nouvelles en provenance des zones sinistrées

L’équipe « pilote » qui a quitté la semaine dernière Iligan (Mindanao) pour rejoindre les zones sinistrées des Visayas s’est rendue en zone rurale à Daanbantayan (au nord de l’île de Cebu), à Palompon et Villaba (île de Leyte) et à Ormoc City où se trouve notamment une communauté musulmane (île de Samar). En tous ces lieux, les habitants n’avaient encore reçu aucune aide de la part d’agences gouvernementales, d’institutions philippines privées ou d’organismes internationaux.

Cette première équipe prépare actuellement un rapport pour évaluer plus en profondeur la situation dans ces localités et préciser les modalités du travail de solidarité à mener.

Une seconde équipe vient de partir pour aider à la coordination locale des opérations et à la distribution des secours dans de bonnes conditions de sécurité.

Elargissement de la campagne à Mindanao

Un très gros effort est engagé à Mindanao afin de pouvoir mener dans la durée les activités de secours, réhabilitation et reconstruction dans les Visayas.

Dans l’ensemble du pays, la population est sous le choc après avoir découvert l’ampleur des dévastations provoquées par Haiyan/Yolanda. Les typhons sont des phénomènes climatiques courants aux Philippines. Généralement gênants, mais relativement bénins (inondation des parties basses d’une agglomération…), ils sont parfois meurtriers. Or, celui-ci a dépassé tout ce qui avait été précédemment éprouvé.

Les habitants de la partie septentrionale de Mindanao ont eux-mêmes dû faire face à des typhons dévastateurs et meurtriers, comme Washi/Sendong en 2012. Ils perçoivent ce que peut signifier « encore bien pire » que ce qu’ils ont vécu. Dans ces conditions, la solidarité s’est rapidement élargie.

Initialement, nous avons commencé à collaborer avec deux associations : Tripod et RDRRAC (voir précédent article). Maintenant, une nouvelle coalition s’est constituée, comprenant une cinquantaine d’organisations : le Mindanao Humanitarian Action Network against Disasters (Mi-HANDs) – à savoir le Réseau humanitaire de Mindanao d’action contre les désastres. La campagne engagée en faveur des victimes d’Haiyan a pour nom : “Mindanao Duyog sa Katawhang Biktima sa Yolanda” (Mindanao Solidarity for Typhoon Yolanda Survivors – La solidarité de Mindanao envers les survivant.e.s de Yolanda). Un logo a été dessiné et un site Internet est en construction [2].

La recherche de fonds s’accompagne d’une campagne d’explication sur les implications du super typhon. Des petites équipes de volontaires passent d’école en école, de centre commercial en centre commercial (les « malls », qui sont de véritables lieux sociaux aux Philippines) avec une expo photo. Des discussions s’engagent, de l’argent est collecté. Les maires (ou leur équivalent) sont contactés pour qu’ils aident dans leur localité au succès de cette initiative.

Prochaine étape

En urgence, ce qui veut dire en quelques jours, Mi-HANDs a pour objectif de lever 1,8 million de pesos (soit plus de 30.000 euros) sous forme d’avance et de prêts de façon à pouvoir envoyer par bateau des secours à quelque 850 familles qui ont tout perdu : aliments (riz, boites de conserve, café, sucre, mongo, huile, poisson séché, sel), fournitures (savon, détergent, dentifrice, brosses à dents, serviettes hygiéniques, clous, coupoirs, serviettes de toilette)… ainsi qu’une équipe chargée des questions de santé (médicaments, équipement médical, sessions de thérapie psychosociale).

Plusieurs dizaines de volontaires vont s’occuper de la logistique, avec une répartition des tâches entre diverses équipes : distribution des secours, documentation, aide psychosociale, santé…

Un engagement dans la durée

Tout ceci n’est qu’un début. La reconstitution du tissu social va prendre du temps. Dans de vastes zones, l’activité économique est détruite, les possibilités de trouver un emploi sont très faibles. Il y a des centaines de milliers de personnes déplacées. Nombreux sont celles et ceux qui tentent de partir, de rejoindre des membres de leur famille dans la capitale, au risque, pour les non fortunés, d’aller grossir les bidonvilles peuplés de chômeurs et de précaires.

De nouveaux typhons touchent actuellement les Philippines, mais ils sont de force modérée. Cependant, dans les zones déjà dévastées, ils peuvent encore détruire les tentes sous lesquels s’abritent les réfugié.e.s et raviver la mémoire d’une expérience proprement apocalyptique. Les gens vivent l’insécurité.

En venant à leur côté, les membres de Mi-HANDs savent qu’ils prennent un engagement dans la durée.

Ils remercient toutes celles et tous ceux qui, à l’étranger, ont contribués et contribuent à la solidarité politique comme financière. L’argent envoyé par ESSF a servi à acheter des biens de première nécessité et des moyens logistiques indispensables.

Pour notre part, il nous faut poursuivre notre campagne, alors que les télévisions ne parlent plus, ou bien rarement, des victimes du super typhon – et si possible impliquer d’autres mouvements dans la solidarité [3], toucher de nouveaux milieux.

Pierre Rousset